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J’adore les vacances parce que c’est le seul moment où j’ai vraiment le temps de lire. Le reste de l’année, mon temps est trop morcellé pour avoir vraiment le temps de m’installer dans mon hamac avec une bouquin. J’ai donc profité de ces congés de fin d’année pour lire un bouquin de Pierre Larrouturou dont j’avais entendu parler à la radio et qui avait attiré ma curiosité: Pour la semaine de 4 jours.
Pierre Larrouturou, pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est donc l’inventeur de la semaine de 4 jours, concept présenté trop souvent de façon schématique comme un « truc de fainéant ». Et pourtant, à lire le livre dans lequel il expose son projet, c’est beaucoup plus que cela. Le livre a été écrit en 1999, c’est à dire peu de temps après la mise en place des 35 heures. Larrouturou y pronostique déjà le relatif échec des 35 heures (il estime qu’elle créera 150000 emplois et c’est grosso modo ce qui s’est passé). Il prédit aussi que l’échec cette mesure servira de justification pour mettre en place une plus forte dérégulation du travail, dérégulation qui pourrait être mises en place par un certain Nicolas Sarkozy. Le gars connait donc bien ses sujets et a le talent de les rendre à la fois accessibles et passionnants. J’ajoute que Pierre Larrouturou est ingénieur agro, a travaillé plusieurs années chez Andersen Consulting puis à la commission européenne avant de rejoindre le PS.
Difficile de résumer ici le dispositif des 4 jours, le bouquin est assez dense, mais voici quelques points clés:
- les gains de productivité et le faible niveau de la croissance en France ces dernières années ne laissent pas beaucoup le choix, il faut partager le travail de façon plus équitable si on veut faire baisser le chômage (4 millions de chômeurs aujourd’hui)
- le dispositif des 4 jours à la carte doit être négocié entreprise par entreprise en fonction des impératifs de chacune d’elles. Pour certaines, ce pourrait être 4 jours au lieu de 5, mais aussi 4 mois et le 5ème chômé, voire une année « sabatique » sur 5, …
- l’objectif est de limiter la baisses de salaire entre 0 et 5% (0% pour les plus bas salaires)
- le maintien de la compétitivité des entreprises est assuré par un allègement de leurs charges si elles s’engagent à créer dans le cadre de ce dispositif 10% de CDI. C’est le budget de l’UNEDIC qui finance cet allègement de charge en partant du principe que la baisse du chômage engendrée par cette mesure permet de faire baisser le budget de cette institution
- les estimations parlent d’une création possible de 1.5 à 2 millions d’emplois
- la semaine de 4 jours permet bien sûr aux salariés de travailler moins mais fournit aussi plus de flexibilité aux entreprises
- 400 entreprises de tailles et activités diverses (Fleury Michon, Mamie Nova, des PME, un cabinet d’avocat) sont déjà passées à la semaine de 4 jours avec succés
- la semaine de 4 jours doit faire l’objet d’un grand débat national et être adoptée par référendum
- cette proposition implique un véritable changement de société et appelle un nouveau contrat social. Elle ouvre des perspectives intéressantes en offrant plus de temps tout au long de la vie pour se former, développer des projets personnels, s’occuper de l’éducation de ses enfants, etc
Il reste encore des questions en suspens – que je ne vais pas manquer de poser à l’auteur vu qu’il laisse son adresse mail – mais l’analyse de Pierre Larrouturou est solidement argumentée et particulièrement convaincante.
Voilà donc un homme qui a une vision pour notre pays, qui a des idées innovantes et audacieuses, qui a une expérience du terrain, qui sait être pédagogue et que bizarrement on n’entend pas. Je ne dis pas qu’il a forcément raison, ni même qu’il est le sauveur providentiel de la France, mais j’estime que par ses écrits il a prouvé un certain sérieux, et qu’il apporterait 100 fois plus dans un débat télévisé que la spécialiste de la « colère saine » ou le chantre du « travailler plus pour gagner plus » pour ne nommer qu’eux. Il était d’ailleurs candidat à l’élection présidentielle en 2007 (avec un slogan pourtant marquant « Ne votez pas pour moi, mais écoutez ce que j’ai à dire ») et personne ne s’en souvient. Pourquoi? Pas assez « dans le moule » sans doute: il n’a pas fait l’ENA, n’a pas les bons réseaux et ne se mêle pas des querelles de parti dans lequel le PS est en train de s’enfoncer.
Une fois de plus et sans céder au discours « tous pourris », je reste pantois devant le niveau de la politique dans notre pays: elle est le domaine réservé des vieux briscards, des jeunes aux dents longues, des amis des médias, des intrigants, des adeptes de la langue de bois et des grands théoriciens. Et d’élection en élection, on espère que ça va changer, et de suffrage en suffrage, on est à chaque fois un peu plus désappointé.
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