Requiem pour les Majors du disque?

Vous m’excuserez mais je vais me permettre deparler d’un sujet sur lequel je n’ai absolument aucune légitimité: l’industrie musicale. Soyons clair, je ne sais pas chanter, je ne joue pas d’instrument de musique, je suis incapable de lire une note sur une portée, mais je ne vais pas laisser aux hommes politiques le monopole de l’expression sur des sujets dont ils ne connaissent rien!

Je n’en reviens pas de voir à quel point l’industrie du disque n’en finit pas de ne pas se renouveler (en voilà une phrase tarabiscotée comme je les affectionne!). Sans rigoler, l’arrivée de Napster et les débuts du piratage de la musique par internet, c’était en 1999. 12 ans après, on a l’impression que la position des Majors du disque n’a pas évolué d’un iota. Elles s’arc-boutent désespérément sur une loi Hadopi inefficace et inapplicable pour essayer de préserver un modèle économique obsolète, plutôt que de le ré-inventer pour l’adapter au contexte technologique actuel. Pire encore, elles se sont fait doubler par de nouveaux acteurs comme Deezer ou Spotify qui se sont fait jolie place au soleil de la diffusion en ligne. Avec un peu de recul, je m’aperçois qu’on est passé d’un monde où, pour accéder à la musique, on devait acheter des CDs à 20 euros sans avoir pu les écouter avant, à un monde où on peut écouter presque tout,  gratuitement et quand on veut pour peut qu’on ait une connexion haut débit. Aucun de ces 2 modèles n’est satisfaisant, le premier a été petit à petit abandonné par les consommateurs, le second n’est pas viable pour l’industrie du disque. Je m’étonne que personne n’ait réussi à faire émerger une solution intermédiaire qui puisse satisfaire les deux parties en profitant au mieux de l’arrivée du haut débit dans tous les foyers et dans un pourcentage non négligeable de smartphones.

Si je regarde mon cas personnel (au risque de tomber dans un nombrilisme échevelé!), il y a 10 ans, j’achetais une dizaine de CDs par an, aujourd’hui je dois en acheter 1 ou 2 maximum et encore  à prix cassé (7 à 10 euros). Pourtant, j’écoute plus de musique et mes moyens financiers sont plus importants. Alors quoi? D’abord, j’écoute l’essentiel de ma musique sur un ordinateur (relié à la chaîne hi-fi du salon ou à un casque), acheter un CD pour passer du temps à le numériser ensuite, quel intérêt? Je pourrais acheter de la musique en ligne mais le prix me semble dissuasif (souven supérieur au prix d’un CD), pour un objet immatériel , de moindre qualité, limité en terme de copie ou de transfert par des DRM et parfois prisonnier d’un logiciel comme ITunes. Du coup, je me rabats sur Spotify qui répond presque entièrement à mon besoin. C’est gratuit, la qualité est tout à fait satisfaisante, les pubs ne sont pas trop fréquentes et je retrouve ma musique où que j’aille pourvu qu’il y ait une connexion sans avoir à trimbaler un disque dur ou un IPod. Si Spotify proposait un catalogue musical réellement exhaustif, je crois que je serais prêt à payer  5 à 10 euros par mois pour profiter du service (et me débarrasser des pubs). Et c’est là qu’on se rend compte que les Majors du disque sont passées à côté de quelque chose. Ce service, elles avaient les moyens de le créer, elles étaient même idéalement placées pour le faire si tant ait qu’elles aient accepté de se remettre en cause et de se creuser un peu le ciboulot.  Elles auraient pu s’en servir de façon intelligente pour élargir la diffusion des artistes au delà des quelques tubes matraqués par les radios, pour promouvoir de nouveaux groupes avec un moteur de recommandation intelligent, pour permettre aux auditeurs d’écouter un album avant de l’acheter, … Au lieu de ça, elles ont bradé leur catalogue à des nouveaux acteurs en ligne pour rattraper leur retard. Il y avait pourtant moyen de faire mieux. Pourquoi par exemple ne pas permettre 5 écoutes d’un titre avant de proposer de l’acheter pour continuer à l’écouter? Ca ne me choquerait pas, ce serait un système juste et équitable pour tous. Pourquoi ne pas inventer un système d’abonnement permettant d’acheter simplement 10, 20 ou 30 titres de son choix chaque mois? Je suis persuadé que la raison pour laquelle les Majors  jusqu’à présent perdu la bataille du piratage musical, ce n’est pas tant une affaire de prix que de facilité d’accès à la musique. Elles n’ont pas su se placer à la place du consommateur et utiliser les nouvelles technologies pour proposer une solution simple et rapide d’acheter de la musique. C’est ce qui risque de les tuer si elles ne finissent pas par se réveiller.

Fév20

Répondre