J’t’ai cassé là …
Cathodico, Mediatico, Politico
Ce matin sur France Inter ce n’était pas Nicolas de Morand qui interviewait François Hollande, c’était carrément Brice de Nice, le roi de la casse, qui procédait à un « cassage » en règle du premier secrétaire du parti socialiste. Morceaux choisis:
« Au parti socialiste, on ne voit pas l’ombre d’une idée, on ne voit que des ambitions »
« On a l’impression que vous êtes toujours un coup en retard par rapport à l’adversaire »
« Mais comment expliquez vous que vous ne vous soyez pas imposé naturellement en tant que premier secrétaire du parti socialiste? »
« Guy Carlier surveille la qualité de la langue de bois ce matin. Guy, vous êtes satisfait des réponses de François Hollande ou pas? »
« Vous pourriez faire de la radio François Hollande si vous acceptiez le discours de vérité un peu plus souvent »
D’un côté, on peut apprécier que les journalistes cherchent à bousculer un peu les politiques dans leurs discours formatés, d’un autre, on peut trouver, comme c’est mon cas, que ce changement de forme n’apporte pas grand chose sur le fond. Les politiques restent murés dans leur langue de bois habituelle. Les journalistes continuent à n’aborder que les sujets chauds du moment (aujourd’hui la candidature de Hollande en 2007) sans entrer dans le détail des projets et des idées. Et la durée très courte des entretiens (rarement plus de 10 minutes) ne fait rien pour améliorer la qualité du débat.
L’année prochaine, c’est donc l’élection présidentielle et encore une fois, j’ai bien peur que le débat ne vole pas très haut, qu’il reste très superficiel, axé sur quelques gros sujets (la sécurité, l’éducation, …), qu’on assiste à quantité d’échanges stériles s’apparentant plus à des joutes oratoires qu’à des débats constructifs. Surtout avant de proposer au français moyen de faire un choix entre différents candidats, il faudrait faire un effort pédagogique, lui expliquer de façon didactique quels sont les enjeux de l’élection, quelles approches sont possibles dans les domaines d’actions de la politique, démonter les mécanismes qui sous-tendent tout ça, traiter de l’économie, du travail, du budget, de la recherche, de l’éducation, de l’écologie, de la santé, . Pour tout vous dire, je rêve d’allumer ma télé un soir à 20h30 et de tomber sur un « C’est pas sorcier » spécial politique avec Fred et Jamy qui m’expliqueraient avec deux bouts de ficelle la vision keynésienne du SMIC. La véritable mission du service public est sans doute là: enseigner, permettre aux gens de comprendre le monde dans lequel ils vivent et leur donner les clés pour faire leur choix. Mais avant de déloger Patrick Sébastien et ses serviettes tournantes, je pense que Chirac aura attaqué son 5ème mandat!!
Sep26
février 10, 2007 at 5:00
Prévisions malheureusement confirmées sur la qualité et la teneur de l’info politique de France Inter à l’avant veille des élections.
Tout débat d’idée, réflexion de fond, interview des politiques sur les enjeux de leur proposition (ou leur absence de proposition) est dramatiquement gommé des ondes de France Inter. Même la Télé fait parfois mieux en matière de débat !
Si parfois un politique tente une brève incursion dans le domaine des idées, il est systématiquement éconduit de manière autoritaire et ridicule par un Nicolas de Morand ou un autre, persuadé de son éminente pertinence journalistique.
Et à nouveau, le monde des petites phrases, des intrigues, de la façade people de la politique, de truc qui a traité bidule de réactionnaire, de la stratégie de machin pour récupérer des voix, etc. Bref une version politique du magazine Voici, car en y songeant : quelle différence entre le volet politique des journaux de France Inter et le N°1 des Magazines People ?
La question, formulée différemment, a déjà été posée plusieurs fois à France Inter. Son valeureux médiateur a même tenté d’y répondre voilà quelques semaines, un samedi.
En résumé, ce n’est pas la faute des journalistes mais celle des politiques qui n’ont plus de programme sur lequel les interroger. Mais oui bien sûr ! Pourquoi n’y avons-nous pas (les auditeurs) pensé plus tôt. Qu’est-ce qu’on peut être con quand même !
C’est bizarre, devant un refus si systématique d’aborder le moindre vrai sujet politique, on pourrait presque croire à une ligne éditoriale au service d’un peu d’audience : ne réfléchissons pas trop, ça fait fuir l’auditeur. Ne sortons pas du débat droite gauche, ils ne comprendraient pas autre chose. Pas d’explication ni confrontation sur les enjeux économiques et sociaux d’une réforme, Trop Compliqué ; on est là pour se marrer facilement comme sur TF1, si l’auditeur veut se prendre la tête, qu’il aille sur France Culture.
Vive le service public et certains auditeurs pré-sélectionnés, qui félicitent, Nicolas de Morand, pour « la qualité de ses émissions ». Nicolas de Morand – dont l’assurance croissante se traduit tous les matins, par un peu plus d’arrogance, de petits rappels à l’ordre autoritaires à destination de ses invités ou auditeurs récalcitrants, de parler creux, de mots rances (pas pu m’empêcher) …- concoure à faire tendre la ligne éditoriale de France Inter vers celle de Voici, de manière quasi asymptotique !
février 10, 2007 at 10:35
Merci de ce long commentaire, ça fait plaisir de voir que je ne suis pas le seul à avoir cet avis sur les interviews politiques de France Inter (qui conserve cependant des émissions pertinentes genre CO2 mon amour). Reste plus qu’à migrer vers France Culture!
novembre 9, 2009 at 1:17
Ce PS qui était le sanctuaire de l’intelligence, de la vérité et du courage, ressemble maintenant à tous les autres et pas un seul de ses dirigeants potentiels ne semble contrecarrer la tendance.